Me voici a Zaporijia en Ukraine a deux jours de route de la Russie, mais mon visa russe ne commence que le 1er avril. De plus il ne me faudra qu'une douzaine de jours pour arriver au Kazakhstan dont mon visa ne debute que le 23 avril. Apres, ce sera sportif car je n'aurai qu'un mois ( avec 3 500 km dont une bonne partie de pistes difficiles) pour atteindre la Chine. Je dois donc ralentir ou faire des pauses.

Ici, les routes sont mauvaises et pleines de trous et il fait froid. Mais je n'ai eu qu'un jour de neige. Heureusement, le coeur des Ukrainiens est plus chaud que leur climat. Le 23 mars, un camionneur m'arrete et m'offre des pommes. Il dit qu'il va a Kirovograd. Comme moi, mais lui y sera en moins d'une heure et moi en 4 heures ! La nuit tombant, je m'arrete a une station-service pour mettre les equipements de securite : gilet jaune sur les bagages, lampe marine dont les eclats portent a 2 000 m, lampe frontale. Le pompiste me propose un cafe ; il revient au bout d'un moment avec un cafe et des gateaux dans un plastique. J'arrive a Kirovograd et, la, quelle soiree, les amis ! Au restaurant de l'hotel, un groupe de jeunes m'invite a sa table. Il y a Iliona, Olga, Olga, Micha et Serguei. C'est l'anniversaire (28 ans) d'une des deux Olga. L'ambiance est amicale et chaleureuse. Je reste avec eux jusqu'a minuit, puis je vais me coucher car j'ai une etape de 173 km dans les jambes et je reprends la route le lendemain. Ca restera un merveilleux souvenir.

Le lendemain, dans le resto d'un village, la jeune serveuse me montre une photo d'elle en tenue de cycliste et sur son velo. La patronne m'offre une boite de chocolats fins. A la fin du repas, la serveuse m'annonce que des membres du club cycliste local et son entraineur (c'est une femme) m'attendent sur la route. Je les accompagne jusqu'au club, qu'on me fait visiter et l'entraineur (je n'ose pas ecrire "l'entraineuse") me remet une medaille. Seance de photos, depart.

Souvent, sur la route, les gens s'arretent pour se faire photographier avec moi. Les automobilistes me klaxonnent et me font des gestes amicaux, comme dans les villages ou en ville d'ailleurs.

Un matin, en ville, d'une voiture, une femme me dit en francais : " C'est une expedition ?" Elle travaille pour une societe francaise. Un attrouppement se forme. Photos. Un pere arrive avecses deux enfants, un garcon et une fille. Ils sont fiers de se faire photographier avec moi. La petite fille parle a l'oreille de la femme parlant francais puis me dit en francais : "Bonne chance !" Ca me touche beaucoup.

A Nikopol, c'est un marchand de velos qui ne me fait pas payer une paire de courroies de cale-pieds dont j'avais besoin pour mes bagages et un paysan qui m'offre du miel dans un sachet en plastique.

Dans un village, je prends une photo d'une statue de Marx. En Ukraine, on voit tres peu de statues de Marx et de Lenine, mais beaucoup d'eglises et encore plus de banques ukrainiennes ou etrangeres. A propos, savez-vous qui fait la pub pour Le Credit Agricole a la tele ukrainienne ? Un intermittent du spectacle qui a besoin d'argent : Gerard Depardieux ! Il prononce meme une phrase en ukrainien. Donc apres la photo, un homme, Sacha, m'invite a prendre un borchtch (soupe ukrainienne) dans le cafe du village. Ambiance sympa. Non seulement la patronne ne me fait pas payer le repas, mais elle remplit ma gourde de the et m'offre deux beignets a la puree.

Les gens sont partout tres sympathiques. Je n'attache jamais le velo : je le laisse a la garde de la population.

Allez, il faut que je reprenne la route.

A bientot.